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  • Photo du rédacteurLionel Silberman

L'Ortie est elle Chaude ou Froide?

L’une des “évidences” qui est apparue au sein notre petit groupe d’étude, lorsque nous avons commencé à interroger le thème de l’énergétique végétale, concerne le fait d’observer combien chaque plante est différente et possède son originalité, et que donc il est souvent assez difficile de porter sur elles une classification stricte, simple, et très délimitée, allant jusqu’à parfois fortement relativiser la Nature qui lui est rattachée dans les ouvrages comme ses Saveurs, ce qui justement rend la découverte passionnante et intéressante.

Une plante, c’est un système, c’est un réseau: un réseau composé de nombreuses formes, nombreuses fonctions, nombreuses substances et nombreuses évolutions au sein même d’un seul être vivant, à l’instar de l’être humain tout simplement.

Cette complexité, des notions comme “tiède, chaud, froid , acide, doux etc” ne peuvent en pratique pas l’assumer pleinement et c’est donc au praticien de se poursuivre l’étude ou de consulter un herboriste qui aura tout simplement par la pratique un regard complémentaire et enrichi.


Pour ce qui est de l’énergétique chinoise, suite à quelques années d’observation, je me suis mis à graduellement m’étonner de la “facilité” avec laquelle il a été donné à certaines sources de catégoriser en énergétique telle ou telle plante alors qu’en prenant connaissance de la plante étudiée, je voyais déjà de par sa forme et sa structure de nombreux détails qui méritent il me semble, une place bien définie dans nos mémoires pour cerner l'intérêt de telle ou telle propriété. .

Ce qui est sûr, c’est qu’entre les données inscrites sur un livre illustré de plantes et la rencontre que l’on peut faire avec elle en nature et par l’analyse directe (sans oublier l’approche sensible encore plus!) il peut parfois y avoir un fossé… que le recul et la pratique peuvent combler pour remettre toutes choses à sa place, ce qui demande évidemment du temps.


Prenons le cas de la Grande Ortie ou Ortie dioïque: on entend à son sujet souvent un peu “tout et son opposé” en ce qui concerne sa classification au sein de la médecine énergétique chinoise: l’ortie est une plante “chaude car elle nourrit et tonifie le sang etc”, l’ortie est une plante plutôt “fraîche de par ses propriétés anti inflammatoire, diurétiques, anti rhumatismales qui apaisent la chaleur etc”.... Ce qui souvent crée de nombreux débats qui pédalent un peu dans la semoule mystérieuse d’une plante qui échappe souvent par sa subtilité.



Une plante au Centre:


LOrtie dioïque est une plante très contradictoire, ou plutôt inversement, possède en elle de nombreuses complémentarités réunies en harmonie.

A la fois piquante de surface et douce de saveur, à la fois fine de structure et lourde de substance, à la fois rigoureuse par un aspect dentelé de ses feuilles et ronde au limbe (le “corps” de la feuille), dense au toucher, à la fois grande, vaste de feuilles et de tiges, mais millimétrée de myriades de petites fleurs… les opposés qui composent l’ortie s’entrecroisent dans une harmonie de structure qui forme sa nature rhizomateuse.

Sur le plan de son biotope, la plante se retrouve dans tous les espaces de communion de substrats et de substances: au sein de sols riches, acceptant les minéraux et les métaux, dans un sol bien garni de principes azotés, la plante côtoie l’animal comme le végétal autant dans ses parts racinaires que aériennes. En dehors du sol, elle est clairement amatrice de solaire et se répand par la lumière…. et pourtant l’ombre ne l’arrête aucunement et on peut la retrouver pousser à l’ombre des arbres, elle apprécie de pousser très généralement dans les espaces qui définissent des transitions et des paradoxes et sa réalité écologique se nourrit de ce métissage pour finalement donner cette plante riche, aussi bien utile pour nourrir le sang que pour réduire les inflammations articulaires.


Une plante dans l’énergie du Centre


Toutes ces variables que nous venons de mentionner engendre autant l'identité de la plante que sa substance propre, sa sève, sa forme et finalement sa nature finalement comme sa saveur. Rien qu’à ce moment, on peut percevoir qu’un simple épithète, ou un simple substantif, auront des difficultés à rétablir la réalité de son entité chimique et de sa variabilité, sans compter qu’ici, nous ne prenons pas le risque d’alourdir l’article du thème très vaste des variations climatique que l’ortie peut rencontrer en fonction des pays , des zones géographiques où elle pousse.


C’est pour cela que, à utiliser la classification traditionnelle chinoise, nous considérons l’Ortie comme Neutre, en d’autres terme polyvalente, avec une tendance tiède signée par son lieu de pousse riche et varié et sa période de croissance qui apparaît dans le printemps

Sa saveur douce est majeure mais son piquant (ou plutôt son urticant composé d’acide formique, et qui lui donne une sensation d’amertume sur la peau) n’est pas à ignorer puisqu’il fait partie de sa composition naturelle. La Douceur, le Piquant, et dans une certaine mesure l’Acide et l’Amer sont donc ses saveurs ou humeurs fondamentales, combinées dans une mesure bien à elle et qui forment son équilibre.

La plante, dans son totum, possède la complémentarité de la douceur de la terre, du piquant du métal, de l’acidité du bois engendrant l’amertume du feu.

Ces Quatres phases expliquent les aspects à la fois nourrissants, générateurs, asséchants des liquides et dynamisants de la chaleur qu'elle peut réguler.


C’est la Neutralité fondamentale de l’Ortie qui lui permet d’être à la fois tonique des métabolismes et du sang, drainante des liquides et apaisante de la Chaleur: du fait du caractère central de sa Nature, elle a en elle des propriétés régulatrices des excès comme des vides. Elle possède des potentiels complémentaires entre Yin et Yang.

Située au Centre des rencontres d’opposés dans son environnement, constituée comme un Centre de complémentarités dans la forme comme les substances, c’est au Centre Humain (et donc en quelque sorte à l’Humain tout entier, qui est , selon le Tao, un centre entre Ciel et Terre) que l’Ortie propose son assistance.


Cette forte polyvalence qui fait qu’on l’utilise depuis des siècles à de nombreuses fin d’utilité humaine: (médicinales, textiles, culinaires, dépolluantes, jardinage etc).



Une plante pour notre Centre.


Rappel en énergétique chinoise:

Selon le modèle énergétique des Sanyuan, l’Humain est un centre situé entre Ciel et Terre.

La Terre, sur le plan substantiel, est peut être considérée comme un centre intermédiaire pour les 5 éléments.

Le biotope de l'Ortie est un carrefour, un centre, où pivotent les substances dans la terre, donnant un sol riche.

Le Pivot, actif, yang, tonique, donne à l’ortie sa tendance tiède , même si elle possède en premier lieu une forme de neutralité. En outre, l'ortie arrive avec le printemps, et possède en elle la croissance du bois yang. L’énergie de Shaoyang gouverne ses mécanismes de transformation.

L’énergie de Taiyin, possédant les propriétés de la terre et du métal, fonde ses apports Yin et Yang au corps humain.


Le Centre est régulateur:

La plante possède des propriétés adaptogènes (elle aide notre métabolisme à passer des périodes de déséquilibre ou renforcer sa résilience à des agressions ou la fatigue).

Elle aide le corps à vivre


Le Centre est transformateur, la terre est nutritive, Taiyin pourvoit:

La plante est une nutritive du sang par un apport certain en vitamines (C), minéraux, et métaux (notamment une très forte concentration en fer et oligo éléments).

Ce qui fait d'elle une grande nutritive de la qualité des chairs en général, tout ce qui est rempli de sang).

C’est donc une plante incontournable de l’herboristerie depuis des siècles pour l’anémie.

C’est une tonique générale et stimulante.


Taiyin: La Terre et le métal à la racine de l’Immunité, des aspects pulmonaires:

La plante est une antiasthmatique, elle aide à lutter contre le rhume des foins.



Le Métal limite le Bois, la Terre peut drainer le feu, les poumons régulent la surface:

La forte teneur en zinc de l’ortie lui confère des effets anti inflammatoires reconnus pour traiter l’acné.



La Terre limite l’Eau, Taiyin transforme et régule l’humidité, les mucosités et les amas.

La plante est employée en prévention des calculs rénaux.

La plante est considérée comme un aide pour soulager l'hyperplasie bénigne de la prostate.


Shaoyang gouverne la transformation et la chaleur humide:

La plante est employée pour traiter le rhume des foins, certaines formes d’arthrite, des rhumatismes, des tendinites, des névralgies et certaines maladies de la peau comme l'eczéma et le psoriasis, l’acné notamment purulente, certaines infections.

Elle est utilisée aussi pour apaiser l’inflammation des voies urinaires.


Etc etc…


On en ferait difficilement le tour. Et il y a encore tant à en dire…

Car ce qui est le plus étonnant, c’est que l’étude dans le détail d’une seule plante ouvre sur une infinité de nuances qui font que chaque plante rencontrée n’est jamais vraiment pleinement comprise.


J’espère par cet article et par cette description, vous avoir permis d’appréhender la difficulté de parler d’une plante dans un cadre limité, et j’espère que vous aurez pu sentir que, même si les classifications sont nécessaires et bien qu'elles ne soient jamais fausses, elles ne peuvent pas vraiment définir pleinement les dimensions peut être infinies d’un seul être vivant. La classification en Nature et Fonction ne servirait alors à rien? Absolument pas: je suis plus que reconnaissant et admiratif que la tradition médicale chinoise ait pu consigner de nombreuses pistes et de nombreuses nuances pour les plantes de sa pharmacopée et que ce modèle puisse être transposable aux plantes d'aujourd'hui, que nous puissions nous y essayer avec les plantes locales. Je reste simplement conscient que cette classification est déterminée depuis une synthèse de connaissances anciennes d’individus qui probablement connaissaient chacune des plantes qu’ils avait notés avec expérience et recul, et que chacune des annotations sert de porte pour la reconnaissance plurielle des nuances de propriétés et de nature qui forment chaque plante médicinale et que nous pouvons tenter de comprendre et intégrer. Ceci est valable pour la pharmacopée chinoise, c’est aussi un enjeu pour la pharmacopée locale.

Comme l’enseigne le taoïsme: il n’y a rien de faux, rien de vrai, mais tout est relatif. Et cette relativité, au contraire de nous rebuter, sert la promotion de la curiosité, la pratique et la conscience. Pour le bien commun.



Dans le Trièves et les alentours de Chartreuse, nous continuons notre expérience de l’Esprit des Plantes et évoluons pour faire de notre environnement un lieu respecté et connu.



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